CARDINALES n°2

CARDINALES  n°2

Éric Zemmour à Bordeaux : une leçon de lucidité

 

 

Quoi qu’on pense d’Éric Zemmour,

force est de reconnaître que son diagnostic sur la situation de la France

est lucide.

 

 

 

Quoi qu’on pense d’Éric Zemmour, force est de reconnaître que son diagnostic sur la situation de la France est lucide.

Jeudi soir, il tenait une conférence à Bordeaux devant une salle comble, malgré les intimidations d’une poignée d’« antifas » qui en avaient demandé l’interdiction, en bons défenseurs de la liberté d’expression.

 


Parmi les nombreux sujets évoqués, la « religion des droits de l’homme ».

 

Zemmour, c’est bien connu, serait un affreux réactionnaire – pire : un « facho » – qui rejetterait l’héritage de la Révolution.

Eh bien, non ! Il a expliqué que la notion de droits de l’homme trouvait sa source dans l’habeas corpus, voté au XVIIe siècle par le Parlement anglais : c’était une garantie contre l’arbitraire, une protection contre la détention sans jugement.

Puis, en 1789, les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, rédigèrent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont on oublie trop souvent qu’elle concerne non seulement l’homme, mais aussi le citoyen. En effet, au-dessus de l’individu existe la nation, ce qui implique des limites, dans l’intérêt général, aux droits individuels.


Enfin, sous l’impulsion des courants libertaires, la formule s’est dévoyée pour signifier, aujourd’hui, que tout individu a les droits dont il estime devoir bénéficier. Un exemple récent : le mariage pour tous. 

 

Toute liberté supplémentaire accordée à l’individu est présentée comme un progrès indiscutable : on ne se pose pas la question de la légitimité morale ou philosophique, ni même celle de l’intérêt commun.

 

 

Marcel Gauchet avait annoncé que la conversion des démocraties occidentales à cette nouvelle religion les « conduirait à l’impuissance politique », expliquant que « c’est la poussée ininterrompue et généralisée des droits individuels qui déstabilise l’édifice ».

 

Régis Debray a également dénoncé les excès de « la doctrine des droits de l’homme, la dernière de nos religions civiles ».

 

Ces penseurs ne sont pas encore mis au ban de la société. Mais quand il s’agit d’Éric Zemmour, c’est une autre affaire !

 

Les militants islamiques ont habilement su profiter de cette conception pervertie pour contraindre les États à satisfaire des demandes communautaires : repas halal dans les cantines, séparation hommes-femmes dans les piscines, prières dans la rue (non par manque de lieux de culte mais pour s’imposer à la vue de tous), etc.

Une partie des autorités cède sous prétexte de non-discrimination et de respect de la liberté religieuse, contribuant ainsi à l’expansion du communautarisme.

 

Éric Zemmour a rappelé la confidence de François Hollande, rapportée par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre d’entretiens :

« Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu’est-ce que ça charrie ?

Toujours la même chose, la chrétienté, l’histoire, l’identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C’est ça qui fait que les gens basculent, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu 3 % de pouvoir d’achat – qu’ils n’ont pas perdu d’ailleurs ! – ou parce qu’ils sont chômeurs.

Il y a des choses qui les taraudent,

ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées… »

 

Le chef de l’État se serait-il converti aux thèses de Zemmour ? Non. Il fait un constat pour arriver à cette conclusion ahurissante :

« Comment peut-on éviter la partition ?

Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. »

 

Pendant cette conférence, le maire de Bordeaux participait au premier débat de la primaire. Dommage ! S’il avait entendu Éric Zemmour, il aurait appris quelque chose.

 

 
 
Jean-Michel Léost Professeur honoraire

 



15/10/2016
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